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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/283

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Tout en avant, le président du conseil, M. de Villèle, chétif, timide et de peu de mine ; le vicomte de Chateaubriand, ennuyé là comme ailleurs, et promenant, sur la foule comme sur le désert, son grand œil superbe. Les officiers de la couronne remplissaient le fond de la scène; tout autour, une rangée de gardes du corps, dans leurs brillants uniformes, en formaient la perspective.

Le discours de Louis XVIII annonçait des changements à la Charte, qui devaient, faisait-on dire à son auteur, en consolider l’établissement. Le roi signifiait aux députés qu’un projet de loi leur serait présenté pour substituer au renouvellement annuel, par cinquième, de la chambre, le renouvellement intégral, ou ce qu’on appelait dans le langage parlementaire du temps la septennalité. Je ne savais guère alors ce qu’on pouvait vouloir dire par là, mais je n’entendis pas sans émotion ce vieillard royal, dont la voix mourante commandait à une si grande et si noble assemblée un suprême silence.

L’année suivante, 1824, je portais le deuil de Louis XVIII, deuil de père, disait-on, et qu’on devait garder pendant une année entière. Mais après les obsèques, quand le cercueil du feu roi fut descendu au caveau de ses ancêtres, et que, au bruit du canon, le roi d’armes eut proclamé, dans la basilique de Saint-Denis, Charles, dixième du nom, par la grâce de Dieu,