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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/304

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me prévenait gracieusement, devait être tenue, nonobstant certaines compagnies qui se rencontraient au Palais-Royal, à très-grand honneur ; et qu’enfin Madame la duchesse d’Orléans était une personne fort pieuse.

Les réunions du Palais-Royal étaient, en effet, comme l’insinuait ma tante, fort mêlées et déparées de bourgeois que l’on ne voyait pas aux Tuileries. Le faubourg Saint-Germain se plaignait de ce mélange. J’entendis un jour la vieille duchesse de Damas dire, en revenant d’une de ces soirées : « On n’y connaissait personne. » Ce personne se composait d’une infinité de gens illustres déjà, ou qui devaient sous peu s’illustrer, et que la révolution prochaine allait porter au pouvoir.

Je me rencontrai au Palais-Royal avec toute cette haute bourgeoisie que le journalisme, le barreau, la tribune et les lettres signalaient et saluaient déjà comme l’élite de la nation. Je vis là, sans aucun doute, MM. Laffittc, Royer-Collard, Casimir Périer, Thiers, Guizot, Odilon-Barrot, les frères Bertin etc. Je dis sans doute parce que la société à laquelle j’appartenais, faisant toujours partout bande à part, affichant l’insolence suprême de la non-curiosité envers les gens nouveaux, je ne sus point mettre les noms sur les visages inconnus que je voyais passer, et n’osai les demander, de peur d’inconvenance. Le duc d’Orléans et sa sœur, Madame Adélaïde,