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Castries, les Brancas, les Luxembourg, les Sabran, les Rosambo, les Sainte-Aldegonde, les Clermont-Tonnerre, les Béthune, les Gastellane, les Talaru, les La Guiche, les Vérac, etc. Là se prenaient les degrés dans la considération et la mode. On disait bien quelquefois, tout bas, que madame la Dauphine ne voyait pas d’un bon œil la duchesse de Montmorency, mais celle-ci ne voulait pas s’en apercevoir. Elle tenait un si haut rang à la cour, la maison de Montmorency était d’ailleurs si puissante, que la critique avait beau mordre, la gloire du nom bravait tout.

En dehors de ces maisons brillantes de la noblesse de cour, où fréquentaient aussi les ambassadrices, lady Stuart, la comtesse Apponyi, qui avait introduit en France la grande nouveauté des déjeuners dansants, la baronne de Werther, le faubourg Saint-Germain comptait un nombre de familles moins illustres, moins titrées[1], moins dédaigneuses, plus mêlées à la noblesse de province, et dont les salons, moins retentissants, avaient un caractère de bonhomie tout à fait aimable.

Le fond de la société de ma mère, avant mon mariage, se composait plus particulièrement de celles-là. Elle voyait habituellement les anciens amis de mon père, émigrés ou vendéens, les Suzannet, les d’Andi-

  1. Les titrés étaient les ducs, dont les femmes avaient droit, en cour, au tabouret.