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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/334

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peu au Palais-Royal, je n’entrevoyais que vaguement les ambitions de la famille d’Orléans. J’ignorais jusqu’à l’existence des sociétés et des journaux qui préparaient l’avènement de la branche cadette. Jamais il n’était question chez nous ni des cours de MM. Guizot, Cousin, Villemain, ni de la société Aide-toi le Ciel t’aidera, ni de la Minerve, ni du National, ni de rien d’approchant. Prévenue par le souvenir de mon père et par toutes nos amitiés, je me serais reproché aussi, comme une sorte de félonie, de prendre trop de plaisir aux conversations libérales auxquelles j’assistais, soit chez madame de Montcalm, soit chez la marquise de Dolomieu, première dame d’honneur de madame la duchesse d’Orléans, soit dans quelques salons du faubourg Saint-Honoré : chez madame de la Briche, belle-mère de M. Molé, chez madame Pasquier, etc. Lorsque dans ce temps-là on parlait au faubourg Saint-Germain des libéraux, lorsqu’on nommait Lafayette, Benjamin Constant, etc., c’était avec un accent de dédain ou de persiflage tout semblable à celui que j’ai retrouvé plus tard, mi 1848, sur les lèvres de ces mêmes libéraux parlant des démocrates.

Il n’y avait donc pas trop moyen pour moi de savoir, autrement que d’une manière très-sommaire et très-insuffisante, de quoi il s’agissait en politique ; et connue je n’ai jamais eu le goût de m’occuper des