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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/123

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mon oncle Tobie. Ce fut lui qui inspira au caporal l’idée salutaire de maintenir l’équilibre entre le chaud et l’humide radical, en renforçant la fièvre, comme il fit pendant tout ce temps, avec du vin chaud et des épices. Par ce moyen, il vint à bout d’entretenir un feu si ardent et si soutenu, que le chaud radical tint bon du commencement à la fin du siége, et que l’humide radical, malgré sa violence, ne put le surmonter. — Sur mon honneur, ajouta mon oncle Tobie, vous auriez, frère Shandy, entendu de vingt toises les assauts qu’ils se livroient dans notre corps. » —

« Eh bien ! dit mon père, avec une forte aspiration qui fut suivie d’une pause, — si j’étois juge, et que la loi du pays me le permît, je voudrois condamner quelqu’un des malfaiteurs les plus insignes..... » — Yorick prévit que la sentence alloit être sévère et sans miséricorde. — Il posa la main sur la poitrine de mon père, et lui demanda quelques minutes de répi, pour une question qu’il avoit à faire au caporal. — Je te prie, Trim, dit Yorick, sans attendre la permission de mon père, dis-nous naturellement ce que tu entends par ce chaud et cet humide radical dont il est question ? » —