Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et je ne lui en veux point de mal. Et cette dame, non pas cette vieille présidente qui prend du tabac, et qui n’a pas mieux compris tout ce que vous venez d’entendre, que son mari n’a compris le procès qu’il a jugé ce matin ; — mais cette jeune marquise qui est dans la même loge, avec ce duc qui lui parle à l’oreille, croyez-vous qu’elle nous ait entendus ? Elle ne nous a pas même écoutés. — Cependant, voyez comme elle applaudit. — Et je m’en plaindrois et je lui en ferois un reproche ! — Non, mon cher monsieur. — Le public est partagé en deux classes, dont l’une admire tout ce qu’elle ne comprend pas, et l’autre déchire tout ce qu’elle comprend. — Il y a encore une troisième classe, mais réduite à un si petit nombre ! — Ce sont ceux qui, comme vous, monsieur, jugent sans prévention, critiquent sans humeur, et louent sans partialité. C’est pour ceux-là que j’écris ; ce sont ceux qui me consolent des autres.