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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/203

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— Le métal fut fondu, et produisit pour la campagne d’après une demi-douzaine de canons de bronze. — On en plaça trois de chaque côté de la guérite. — Le train d’artillerie augmenta peu-à-peu ; et (comme il arrive toujours dans les choses qui regardent notre califourchon chéri) on en vint graduellement depuis les pièces d’un demi-pouce de calibre jusqu’aux bottes fortes de mon père. —

L’année d’après, qui fut celle du siége de Lille, et qui se termina par la prise de Gand et de Bruges, jeta mon oncle Tobie dans un cruel embarras. — Il ne savoit où prendre des munitions convenables. Sa grosse artillerie ne pouvoit soutenir la poudre à canon, et ce fut un grand bonheur pour la famille Shandy ; — car, du commencement à la fin du siége de Lille, les assiégeans entretinrent un feu si continuel, — les papiers publics en firent de telles descriptions, — et ces descriptions enflammèrent tellement l’imagination de mon oncle Tobie, que tout son bien y auroit infailliblement passé.

Cependant on ne pouvoit se dissimuler qu’il manquoit quelque chose aux inventions de mon oncle Tobie, surtout pendant un ou deux des plus violens paroxysmes du siége.