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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/216

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nouvelle passion ces ressemblances de famille.

Vaine science ! de quoi nous sers-tu dans une telle recherche ? — Tu n’es le plus souvent propre qu’à nous égarer.

Il y avoit, madame, dans mon oncle Tobie une telle simplicité de cœur, — elle le tenoit si loin de ces petites voies détournées, que les affaires de galanterie ont coutume de prendre, que vous n’en avez, que vous ne pouvez en avoir la moindre idée. — Sa façon de penser étoit si droite et si naturelle, — il connoissoit si peu les plis et les replis du cœur d’une femme, — il étoit si loin de s’en méfier, et (hors qu’il ne fût question de siéges) il se présentoit devant vous tellement à découvert et sans défense, — que vous auriez pu, madame, vous tenir cachée derrière une de ces petites voies détournées dont j’ai parlé, et de-là lui tirer dix coups de suite à bout portant, si neuf ne vous avoient pas suffi.

Ajoutez encore, madame (et c’est ce qui d’un autre côté faisoit échouer tous vos projets), ajoutez cette modestie sans pareille dont je vous ai une fois parlé, et que mon oncle Tobie avoit reçue de la nature, cette modestie qui veilloit sans cesse sur ses sensations, et le tenoit toujours en garde…

Mais où vais-je ? et pourquoi me permettre