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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/253

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CHAPITRE XC.

Plus de peur que de mal.


Mais ne craignez rien, ami lecteur, je dédaigne d’en user ainsi. — Il suffit que je vous aie en mon pouvoir. — Mais faire usage de l’avantage que le hasard et la plume m’ont donné sur vous ! la chose seroit indigne de moi. Non, par ce feu tout-puissant qui échauffe les cervelles visionnaires, et illumine les esprits dans les méditations extatiques, avant que j’abuse ainsi d’une créature innocente qui se trouve à ma merci, — avant que j’exige de vous le prix de cinquante, pages que je n’ai aucun droit de vous vendre, — nu comme je suis, j’aimerois mieux, brouter l’herbe des montagnes, et sourire de ce que le vent du nord ne m’apporteroit ni abri ni souper. —

— Ainsi, camarade, partons ; et mène-moi ventre à terre à Boulogne.