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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/255

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nua-t-il, je n’en crois rien : il est chargé, de dettes. — Oh ! oui, de dettes certainement, dit un cinquième. — Je ne voudrois pas, dit le nain qui avoit parlé le premier, je ne voudrois pas payer ses dettes pour mille louis. — Ni moi, dit le géant, pour dix mille. — Encore bien trouvé, dis-je, Messieurs.

Hélas, Messieurs ! je n’ai d’autres dettes que celle que je dois à la nature. Je ne lui demande que du temps, et je promets de lui tout payer. — Mais, ô ciel ! madame, auriez-vous le cœur assez dur pour arrêter un pauvre voyageur, qui suit son chemin sans nuire à personne ? Arrêtez, — arrêtez-moi plutôt ce squelette hideux, l’effroi du pécheur, dont les jambes si longues menacent sans cesse de m’atteindre. C’est vous, madame, qui l’avez mis à ma poursuite : — de grâce, s’il n’est plus qu’à quelques postes, madame, ma chère dame, arrêtez-le, arrêtez-le. —

Mon hôte irlandois crut que je m’adressois encore à la jeune fille « C’est dommage, dit-il, qu’elle soit si loin ; toute cette galanterie est perdue pour elle. »

Peste soit du nigaud !

Est-ce là tout ce que vous avez de curieux à Boulogne ? —