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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/258

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descendant de cheval pour prendre un morceau de pain bis qu’il avoit fourré dans une des poches de la voiture : puis il étoit remonté, et cheminoit à son aise pour le mieux savourer. « Allons, postillon, dis-je, plus vivement. » Mais pour cela je pris un ton tout-à-fait persuasif ; je fis sonner une pièce de vingt-quatre sols contre la glace, prenant soin de lui en présenter le côté plat, comme il retournoit la tête. — Le drôle, pour me montrer qu’il me comprenoit, me fit une grimace qui s’étendit d’une oreille à l’autre, et qui, derrière son museau de suie, me découvrit une rangée de perles, telles qu’une reine auroit donné tous les joyaux de sa couronne pour en avoir autant.

— Juste ciel ! à qui dépars-tu de tels trésors ! quelles dents pour du pain bis !

Et comme il finissoit sa dernière bouchée, nous entrâmes à Montreuil.