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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/268

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il ne faudroit pas moins d’un ou de deux cents mille carrés d’Italie. — Il avoit sans doute travaillé d’après ces anciennes ames romaines qu’il avoit trouvées dans ses lectures. Il n’avoit pas fait réflexion que, par une pente graduelle et insensible, dans le cours de dix-huit cents ans, les ames devoient nécessairement s’être rétrécies assez, pour être réduites à peu de chose dans le temps où il écrivoit.

Au temps de Leissius, qui paroît avoir eu l’imagination moins vive, elles étoient aussi petites qu’on puisse l’imaginer. —

Elles sont encore diminuées aujourd’hui, et l’hiver prochain nous trouverons qu’elles auront encore perdu quelque chose. — Tellement que si nous allons toujours de peu à moins, et de moins à rien, — je n’hésite pas d’affirmer que, d’ici à un demi-siècle, nous n’aurons plus d’ame du tout. — Mais si, comme je le crains, la foi de Jésus-Christ ne dure guère au-delà, il sera assez avantageux pour celles-là, comme pour celles-ci, de finir en même-temps.

— Béni soit Jupiter ! et bénis tous les autres dieux et déesses de la fable ! ils vont tous reparoître sur la scène, sans oublier le dieu des jardins. — Ô le bon temps ! — Mais