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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/340

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gens-là, dis-je à part ! — ils ne comprennent non plus l’ironie que… »

La comparaison étoit encore à côté de nous avec ses paniers sur le dos. — Mais je n’aime pas à dire des vérités trop dures. Au moment où je regardois l’âne, sa bonhomie me rendit la mienne, et arrêta ma langue ; — je n’achevai pas la comparaison.

— « Monsieur, dis-je après m’être un peu recueilli, — mon intention n’est pas de prendre la poste. » —

« Mais il ne tient qu’à vous, dit-il, persistant dans sa première réponse. — Personne ne s’oppose à ce que vous preniez la poste. — Ma volonté, dis-je, s’y oppose. » —

« Eh bien ! celle du roi est que vous n’en payez pas moins. » —

« Bonté du ciel, m’écriai-je ! » —

« Mais je voyage par eau, — je m’embarque sur le Rhône à midi, — mon bagage est dans le bateau, — je viens de payer neuf francs pour mon passage. » —

« C’est égal ; c’est tout un, dit le commis. » —

« Bon Dieu ! quoi ! payer pour la route que je prends et pour celle que je ne prends pas ! — »

« C’est égal, répondit le commis. » —

« C’est le diable, dis-je. — Mais j’aime