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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/353

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doute est bien aise de s’assurer de nous et d’elles.

À dire vrai, si vous eussiez vu mes culottes quand j’entrai dans Avignon ; si vous les eussiez vues, surtout quand je voulus enjamber ma mule, vous n’auriez pas trouvé la précaution de l’homme si déplacée, et vous n’auriez pu intérieurement lui en savoir mauvais gré. Quant à moi, je trouvai son procédé tout naturel ; et voyant bien que l’état délabré de mes culottes pouvoit l’avoir porté à s’armer ainsi de toutes pièces, je me promis de lui en faire cadeau quand nous serions au terme de notre voyage.

Mais avant d’aller plus loin, souffrez que je me débarrasse de la remarque que je vous ai promise sur Avignon, et que voici : — Quoi ! parce que le vent aura fait voler le chapeau de dessus la tête d’un homme en entrant à Avignon, cet homme se croira fondé à dire et à soutenir, qu’Avignon est la ville de France la plus exposée au vent ; rien n’est plus absurde, et pour moi, je ne tins aucun compte de cet accident, jusqu’à ce que mon hôte, que je consultai là-dessus, m’eût assuré qu’en effet Avignon étoit extrêmement sujet aux coups de vent, et que cela même avoit passé en proverbe. — J’en fais