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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/417

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« Tu as donc été amoureux, Trim, dit mon oncle Tobie en souriant ? » —

« Amoureux, dit le caporal, par-dessus la tête. — Et je te prie, Trim, dit mon oncle Tobie, où, quand et comment cela s’est-il passé ? — tu ne m’en as jamais dit un mot. — J’ose dire à monsieur, répondit Trim, qu’il n’y avoit pas dans tout le régiment un tambour ni un fils de sergent qui ne sût cette histoire. — Et comment ne la sais-je pas encore, dit mon oncle Tobie ? » —

« Monsieur doit se rappeller, et sûrement avec douleur, dit le caporal, notre déroute totale à Landen, et la confusion horrible au camp et de l’armée. Il fallut que chacun songeât à soi ; et sans les régimens de Wyndham, de Lumley et de Galway qui couvrirent la retraite sur Neerspeeken, le roi lui-même auroit eu de la peine à gagner le pont. — Il fût pressé vivement, comme monsieur le sait mieux que moi. » —

« Vaillant prince ! s’écria mon oncle Tobie avec enthousiasme ! au moment où tout est perdu, je le vois passer devant moi à toute bride. — Il court à la gauche chercher le reste de la cavalerie angloise, et revient avec elle pour soutenir la droite, et arracher, s’il en est encore temps, le laurier des mains de