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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/437

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à je ne sais quel œil qui avoit troublé son repos pendant deux ou trois nuits. Dans le premier transport de son ressentiment, voici comme il commence :


Maudit œil que l’enfer confonde !
Œil né pour le malheur du monde !
Qui mets les gens en pire état,
Que payen, turc ou renégat !.....


En un mot, tout le temps que duroit le paroxisme, mon père n’avoit à la bouche qu’injures, qu’imprécations, et presque des malédictions. — Seulement il étoit trop impétueux pour suivre la méthode d’Ernulphe, pour suivre même sa réserve. Mon père qui étoit de l’esprit le plus intolérant, ne se contentoit pas de maudire sans exception tout ce qui sous le ciel pouvoit entretenir ou exciter son amour ; jamais il n’achevoit sa litanie de malédictions sans se maudire lui-même à son tour, comme un des fous et des imbécilles les plus fieffés, disoit-il, qui eût jamais été lâché dans le monde.

Mon oncle Tobie au contraire prit le tout comme un agneau ; il s’assit tranquillement, et laissa le poison travailler dans ses veines sans résistance. — Dans les douleurs les plus aiguës de sa blessure (comme au temps de