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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/472

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CHAPITRE LXVIII.

Il hésite.


« Elle ne peut pas, caporal, dit mon oncle Tobie, faisant halte quand ils furent à vingt pas de la porte de Mistriss Wadman, — elle ne peut pas s’en offenser. » —

« Non plus, dit le caporal, que la veuve du Juif à Lisbonne ne s’offensa de la visite de mon frère Thomas. » —

« Et comment la prit-elle, dit mon oncle Tobie, se retournant vers le caporal ? » —

« Monsieur connoît, répliqua le caporal, les malheurs de Tom ; mais ceci n’y a aucun rapport : sinon que le pauvre Tom n’avoit pas épousé la veuve, ou si Dieu eût permis qu’après leur mariage ils n’eussent mis dans leurs saucisses que de la chair de porc, le malheureux n’auroit pas été enlevé dans son lit et traîné à l’inquisition. — C’est une épouvantable chose que l’inquisition, ajouta le caporal ; quand une fois un pauvre homme y est renfermé, monsieur sait bien que c’est pour sa vie. » —

« Hélas ! oui, dit mon oncle Tobie d’un air rêveur, et les yeux fixés sur la porte de la veuve Wadman. » —