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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/476

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Le caporal rougit jusqu’au bout des doigts.

— L’embarras de l’homme modeste qui s’entend louer, — la reconnoissance d’un serviteur affectionné que son maître exalte, — la douleur d’un frère sensible au souvenir d’un frère malheureux, — tout cela se peignit à-la-fois sur le visage du caporal, et les larmes coulèrent le long de ses joues.

Ce spectacle émut mon oncle Tobie. Il prit le caporal par son habit, qui avoit été celui de Lefèvre, et s’appuya sur lui, en apparence, pour soulager sa jambe boiteuse, mais réellement pour donner au caporal une nouvelle marque de bonté. — Il resta en silence une minute et demie ; ensuite, il retira sa main, et le caporal s’inclinant, reprit l’histoire de son frère Tom et de la veuve du juif.



CHAPITRE LXX.

La négresse.


« Lorsque Tom arriva à la boutique, il n’y trouva qu’une pauvre négresse, occupée à chasser les mouches avec une touffe de plumes blanches qu’elle avoit attachées au bout d’un bâton. Mais, tout en les chassant, elle prenoit garde de les blesser. — Touchant