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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/48

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réjouissoient quand un homme mouroit. — Ils avoient raison. La mort ouvre la porte à la renommée, et la ferme à l’envie. — Elle brise les chaînes du captif ; il a rempli sa tâche : il est libre.

» Montrez-moi un homme qui connoisse la vie, et qui craigne la mort ; et je vous montrerai un prisonnier qui craint sa liberté.

» Nos besoins, mon cher frère Tobie, ne sont que des maladies. — Ne vaudroit-il pas mieux en effet n’avoir pas faim, que d’être forcé de manger ? — n’avoir pas soif, que d’être forcé de boire ?

» Ne vaudroit-il pas mieux être tout d’un coup délivré des soucis, de la fièvre, de l’amour, de la goutte, et de tous les autres maux de la vie, que d’être comme un voyageur, qui arrive fatigué tous les soirs à son auberge, forcé d’en repartir tous les matins ? »

» Ce sont les gémissemens et les convulsions, frère Tobie, ce sont les larmes qu’on verse dans la chambre d’un malade, ce sont les médecins, les prêtres, et tout l’appareil de la mort, qui rendent la mort effrayante. Ôtez-en le spectacle, qu’est-ce qui reste ?

» — Elle est préférable dans une bataille, dit mon oncle Tobie. Il n’y a là ni cercueil,