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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/484

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mais dans un chapitre à part. Je dis par la postérité, et je le répète. — Qu’a fait mon livre pour ne pas surnager sur l’abyme des temps avec l’Éloge de La Folie, le Conte du Tonneau, et tant d’autres ?

Mais pourquoi jeter de si loin les yeux sur l’avenir ? — Ah ! fermons-les bien plutôt. — Le temps vole et détruit tout — Chacune des lettres que je trace, me dit avec quelle rapidité la vie suit ma plume. — Nos journées et nos heures, (plus précieuses, ma chère Jenny, que ces rubis qui brillent à ton cou) s’envolent sur nos têtes comme ces nuages légers, que chasse l’aquilon et qui ne reviennent plus. — Tout disparoît, — tout se détruit. — Ces cheveux que tu prends soin d’arranger sur ton front ;… regarde,… ils blanchissent sous ta main. — Et chaque baiser que je te donne en te quittant, chaque absence qui le suit, est le prélude de cette séparation éternelle qui nous attend bientôt. —

Ciel ! ô ciel ! prends pitié de ma Jenny, — prends pitié de celui qui l’aime. —