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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/543

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— « À présent, dit Obadiah, j’aurai bientôt un veau. » Et tous les jours Obadiah rendoit visite à sa vache. —

« Elle fera veau lundi ou mardi, — ou mercredi au plus tard. »

La vache ne fit point de veau.

« Ce sera donc pour la semaine prochaine ; ma vache tarde furieusement long-temps ! »

— Jusqu’à la fin de la sixième semaine les soupçons d’Obadiah, qui étoit bon homme, tombèrent sur le taureau.

À dire la vérité, comme la paroisse étoit fort étendue, la vigueur du taureau de mon père n’étoit pas proportionnée à son département. Il avoit cependant, je ne sais comment, obtenu la confiance publique ; et comme il s’acquittoit de son devoir avec beaucoup de gravité, mon père en avoit la plus haute opinion.

« Sauf le respect que je dois à monsieur, dit Obadiah, tout le monde dit ici que c’est la faute de son taureau. » —

« La vache ne seroit-elle pas stérile, dit mon père, en se tournant vers le docteur Slop ? » —

«   » Cela seroit sans exemple, dit le docteur Slop. — Mais il seroit possible que sa femme fût accouchée avant terme. — Dis-moi, l’ami,