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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/55

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CHAPITRE IX.

Trim monte en chaire.


« Notre jeune maître est mort à Londres, dit Obadiah. »

Une robe de chambre de satin vert de ma mère, qui avoit déjà été décrassée deux fois, fut la première idée que l’exclamation d’Obadiah excita dans l’esprit de Suzanne. — « Eh bien, dit Suzanne, nous allons tous être en deuil. »

Divin Locke, où es-tu ? et se peut-il que tu manques l’occasion d’écrire un si beau chapitre sur l’imperfection des mots ? — Le mot deuil, quoique prononcé par Suzanne elle-même, manqua son objet, et n’excita pas en elle une seule idée teinte de noir ou de gris. — Tout étoit vert ; elle ne voyoit que la robe de chambre de satin vert.

« Oh ! ma pauvre maîtresse en mourra ! s’écria Suzanne ; et déjà elle voyoit défiler toute la garde-robe de ma mère. Quelle procession ! — son damas rouge, — ses toiles de Perse, — ses lustrines jaunes et blanches, — son taffetas brun, — ses bonnets de dentelle, — ses manteaux de lit et ses consolantes jupes de dessous. — Elle n’oublioit pas un