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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/71

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avoit lui-même écrit la vie de Socrate, l’année qui précéda sa retraite du commerce. — Je crains même que cette raison n’ait contribué à le lui faire quitter plutôt ; si bien que personne n’étoit en état de pérorer sur ce sujet avec autant de pompe, d’abondance et de facilité que lui.

Il se livra donc à toute son éloquence ; et s’adressant à mon oncle Tobie, comme s’il eût été Socrate devant l’aréopage, il emboucha la trompette héroïque. — Pas une période qui fût terminée par un mot plus court, que transmigration ou annihilation. — Pas une moindre pensée que celle d’être ou de ne pas être. — Dans l’exorde, pas une idée qui ne fût entièrement neuve. — Comparant la mort à un sommeil long et tranquille, — sans rêves, sans réveil. — Disant que nous et nos enfans étions nés pour mourir, mais qu’aucun de nous n’étoit né pour être esclave. — Non, je me trompe, ceci est tiré du discours d’Eléazar, tel qu’il est rapporté par Joseph (Histoire de la guerre des Juifs). Eléazar avoue qu’il a pris cette pensée des philosophes Indiens. Il est à présumer qu’Alexandre le grand, dans son expédition des Indes, au retour de la Perse qu’il avoit soumise, s’empara de cette maxime, ainsi