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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/88

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de mon oncle Tobie, et celles surtout qui étoient relatives à ses siéges et à ses campagnes. Eût-ce été son dernier écu, Trim en auroit fait joyeusement le sacrifice pour prévenir un seul désir de son maître. Déjà en rognant le bout des tuyaux de mon oncle Tobie, — hachant et ciselant les bords de ses gouttières de plomb, — fondant son plat à barbe d’étain, montant enfin, comme Louis XIV, jusques sur les clochers, pour épargner le trésor public, — déjà, dis-je, cette même campagne, le caporal avoit établi huit nouvelles batteries de canon, sans compter deux demi-coulevrines. — Mais mon oncle Tobie demande encore deux pièces de campagne pour la redoute. Trim a promis de les fournir ; que fera-t-il ? Toutes ces ressources sont-elles épuisées ?

Non, il prendra les deux contre-poids de plomb, qui suspendent et soutiennent le châssis de la fenêtre de la chambre de la nourrice ; et comme, les contrepoids étant ôtés, les poulies ne servent plus à rien, il s’en emparera aussi, et il en fabriquera une paire de roues pour un de ses affûts.

Il y avoit long-temps que le caporal avoit démantelé toutes les fenêtres de la maison de mon oncle Tobie pour le même objet,