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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/122

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qui a commencé au théâtre contre les ecclésiastiques, du temps que Molière donna son Tartuffe… Mais cela se passe peu-à-peu avec le reste de nos mœurs gothiques… Chaque nation, continua-t-il, a ses délicatesses et ses grossièretés qui régnent pendant quelque temps, et se perdent par la suite… J’ai été dans plusieurs pays, et je n’en ai pas vu un seul où je n’aie trouvé des raffinemens qui manquoient dans d’autres. Le pour et le contre se trouvent dans chaque nation… Il y a une balance de bien et de mal par tout ; il ne s’agit que de la bien observer. C’est le vrai préservatif des préjugés que le vulgaire d’aune nation prend contre une autre… Un voyageur a l’avantage de voir beaucoup et de pouvoir faire le parallèle des hommes et de leurs mœurs, et par-là il apprend le savoir vivre. Une tolérance réciproque nous engage à nous entr’aimer… Il me fit, en disant cela, une inclination et me quitta.

Il me tint ce discours avec tant de candeur et de bon sens, qu’il justifia les impressions favorables que j’avois eues de son caractère… Je croyois aimer l’homme ; mais je craignois de me méprendre sur l’objet…