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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/127

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Je vous assure, Monsieur, que je le conserverai… et elle me donna la main… Oui, Monsieur, je le mettrai à part.

Une convention vertueuse qui se fait entre homme et femme, semble sanctifier leurs plus secrètes démarches. Il étoit déjà tard et il faisoit obscur ; malgré cela, comme nous allions du même côté, nous n’eûmes point de scrupule d’aller ensemble le long du quai de Conti.

Elle me fit une seconde inclination lorsque nous nous mîmes en marche ; et nous n’étions pas encore à vingt pas de la porte du libraire, que, croyant n’avoir pas assez fait, elle s’arrêta un petit moment pour me remercier encore.

C’est un petit tribut, lui dis-je, que je n’ai pu m’empêcher de payer à la vertu, et je ne voudrois pas m’être trompé sur le compte de la personne à qui je rends cet hommage… Mais l’innocence, ma chère, est peinte sur votre visage… Malheur à celui qui essaieroit de lui tendre des pièges !

Elle parut un peu affectée de ce que je lui disois… Elle fit un profond soupir… Je ne me crus pas autorisé d’en rechercher la cause, et nous gardâmes le silence jusqu’au