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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/136

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à lui-même ; dépouillez-les de tout ce que vous y avez ajouté, et il n’y fait aucune attention… Il est vrai, continuai-je, dans le dessein d’adoucir la proposition, que la Bastille est un mal qui n’est pas à mépriser… Mais ôtez-lui ses tours, comblez ses fossés, que ses portes ne soient pas barricadées, figurez-vous que ce n’est simplement qu’un asile de contrainte, et supposez que c’est quelque infirmité qui vous y retient, et non la volonté d’un homme, alors le mal s’évanouit, et vous le souffrez sans vous plaindre. Je me disois tout cela, quand je fus interrompu, au milieu de mon soliloque, par une voix que je pris pour celle d’un enfant qui se plaignoit de ce qu’on ne pouvoit sortir. Je regardai sous la porte-cochère… Je ne vis personne, et je revins dans la cour sans faire la moindre attention à ce que j’avois entendu.

Mais à peine y fus-je revenu que la même voix répéta deux fois les mêmes expressions........ Je levai les yeux, et je vis qu’elles venoient d’un sansonnet qui étoit renfermé dans une petite cage… Je ne peux pas sortir, je ne peux pas sortir… disoit le sansonnet.

Je me mis à contempler l’oiseau. Plusieurs