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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/146

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cœur tranquille ne se jette pas dans les extrêmes… il se possède toujours… Bien, bien, m’écriai-je, tandis que le cocher entroit dans les cours ; je vois que je m’en acquitterai très-bien. Et quand il s’arrêta, je me trouvai, par la leçon que je venois de me donner, aussi calme qu’on peut l’être. Je ne montai l’escalier ni avec cet air craintif qu’ont les victimes de la justice, ni avec cette humeur vive et badine qui m’anime toujours quand je te vais voir, Elisa.

Dès que je parus dans le salon, une personne vint au-devant de moi ; je ne sais si c’étoit le maître-d’hôtel ou le valet-de-chambre, peut-être étoit-ce quelque sous-secrétaire ; elle me dit que M. le duc de C… travailloit. J’ignore, lui dis-je, comment il faut s’y prendre pour obtenir audience ; je suis étranger, et ce qui est encore pis dans la conjoncture des affaires présentes, c’est que je suis anglois. Elle me répondit que cette circonstance ne rendoit pas la chose plus difficile… Je lui fis une légère inclination…… Monsieur, lui dis-je, ce que j’ai à communiquer à M. le duc est fort important. Il regarda de côté et d’autre, pour voir apparemment s’il n’y avoit personne qui pût en avertir le ministre. Je re-