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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/148

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par quelques-unes de ses principales rues. Cela sera bientôt fait, ajoutai-je, car je suppose qu’elle n’est pas grande. Elle n’est pas grande ! pardonnez-moi, monsieur, elle est fort grande et même fort belle. La plupart des seigneurs y ont des hôtels… À ce mot d’hôtels, je me rappelai tout-à-coup le comte de B. dont le libraire du quai Conti m’avoit dit tant de bien… Hé ! pourquoi n’irai-je pas chez un homme qui a une si haute idée des livres anglois, et des anglois mêmes ? Je lui raconterai mon aventure… Je changeai donc d’avis une seconde fois… à bien compter, même, c’étoit la troisième. J’avois eu d’abord envie d’aller chez madame R… rue des Saints-Pères ; j’avois chargé sa femme de-chambre de la prévenir que je me rendrois assurément chez elle. Mais ce n’est pas moi qui règle les circonstances, ce sont les circonstances qui me gouvernent. Ayant donc aperçu de l’autre côté de la rue un homme qui portoit un panier, et paroissoit avoir quelque chose à vendre, je dis à La Fleur d’aller lui demander où demeuroit le comte de B…

La Fleur revint précipitamment ; et avec un air qui peignoit la surprise, il me dit que c’étoit un chevalier de Saint-Louis qui ven-