Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la racine du petit arbre que son orgueil et son affection vouloient voir refleurir..... Heureusement la Bretagne a conservé le privilège de secouer le joug de ce préjugé. Il s’en prévaut. Les états étoient assemblés à Rennes ; le marquis en prit occasion de se présenter un jour, suivi de ses deux fils, devant le sénat. Il lit valoir avec dignité la faveur d’une ancienne loi du duché, qui, quoique rarement réclamée, n’en subsistoit pas moins dans toute sa force. Il ôta son épée de son côté. La voici, dit-il, prenez-là ; soyez-en les fidèles dépositaires, jusqu’à ce qu’une meilleure fortune me mette en état de la reprendre et de m’en servir avec honneur.

Le président accepta l’épée… Le marquis s’arrêta quelques momens pour la voir déposer dans les archives de sa maison, et se retira.

Il s’embarqua le lendemain avec toute sa famille pour la Martinique. Une application assidue au commerce pendant dix-neuf ou vingt ans, et quelques legs inattendus de branches éloignées de sa maison, lui rendirent de quoi soutenir sa noblesse, et il revint chez lui pour réclamer son épée.

J’eus le bonheur de me trouver à Rennes