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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/157

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Le comte m’écoutoit avec un grand air de bonté… sans cela j’aurois moins parlé… Il s’écria une ou deux fois : Cela est bien dit… Cependant la chose en resta là, et je ne voulus plus en parler.

Il changea lui-même de discours ; nous parlâmes de choses indifférentes, de livres, de nouvelles, de politique, des hommes… et puis des femmes. Que Dieu bénisse tout le beau sexe ! lui dis-je, personne ne l’aime plus que moi. Après tous les foibles que j’ai vus aux femmes, toutes les satires que j’ai lues contre elles, je les aime toujours. Je suis fermement persuadé qu’un homme qui n’a pas une espèce d’affection pour elles toutes, n’en peut aimer une seule comme il le doit.

Eh bien ! monsieur l’Anglois, me dit gaiement le comte, vous n’êtes pas venu ici, dites-vous, pour espionner la nudité du pays… je vous crois… ni encore, j’ose le dire, celle de nos femmes. Mais permettez-moi de conjecturer que si par hasard vous en trouviez quelques-unes sur votre chemin, qui qui se présentassent ainsi à vos yeux, la vue de ces objets ne vous effraieroit pas.

Il y a quelque chose en moi qui se révolte à la moindre idée indécente. Je me suis