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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/178

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LE MYSTÈRE.
Paris.


Un homme qui jugera le cœur humain, jugera aisément qu’il m’étoit impossible de retourner sitôt dans ma chambre ; c’eût été passer d’un morceau musical dont le feu avoit animé toutes mes affections, à une clef froide..... Je restai donc quelque temps sur la porte de l’hôtel, et je m’occupai à examiner les passans, et à former sur eux les conjectures que leurs différentes allures me suggéroient ; mais un seul objet fixa bientôt toute mon attention, et confondit toute espèce de raisonnement que je pouvois faire sur lui.

C’étoit un grand homme sec, d’un sérieux philosophique, et d’une mine hâlée, qui passoit et repassoit gravement dans la rue, et n’alloit jamais au-delà de soixante pas de chaque côté de la porte. Il paroissoit avoir à-peu-près cinquante-deux ans ; il avoit une petite canne sous le bras… Son habit, sa veste et sa culotte étoient de drap noir, un peu usé, mais encore propre. À sa manière d’ôter son chapeau, et d’accoster un grand