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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/187

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La veste qu’il avoit achetée étoit de satin bleu, assez bien brodée en or, un peu usée, mais encore fort apparente ; le bleu n’étoit pas trop foncé, et cela s’assortissoit très-bien avec l’habit et la culotte. Outre cela il avoit su tirer encore de cette somme une bourse à cheveux neuve et un solitaire et il avoit tant insisté auprès du fripier, qu’il en avoit obtenu des jarretières d’or aux genouillères de sa culotte. Il avoit acheté de sa propre monnoie des manchettes brodées qui coûtoient quatre francs, et une paire de bas de soie blancs cinq francs. Mais par-dessus tout, la nature lui avoit donné une belle figure qui ne lui coûtoit pas un sou.

C’est ainsi qu’il entra dans ma chambre, ses cheveux frisés dans le dernier goût, et avec un gros bouquet à la boutonnière de son habit. Il y avoit dans tout son maintien un air de gaieté et de propreté, qui me rappela que c’étoit Dimanche. Je conjecturai aussitôt, en combinant ces deux choses, que ce qu’il avoit à me dire le soir, étoit de me demander la permission de passer ce jour-là comme on le passe à Paris. J’y avois à peine pensé, que d’un air timide, mêlé cependant d’une sorte de confiance que je ne le refuserois pas, il me pria de lui accorder la journée, en ajoutant