Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

furie ? d’être chassé de chez moi par des vents domestiques, et dépouillé de mon castor par ceux du pont ? Me voilà tête nue, et à la merci des bourasques d’une nuit pluvieuse et orageuse, et du flux et reflux des accidens qui l’accompagnent. Où aller ? où passer la nuit ? quel vent, au moins, dans les trente-deux points du compas, poussera chez moi les pratiques de mes confrères.

Le notaire se plaignoit ainsi, lorsqu’il entendit, du fond d’une allée obscure, une voix qui crioit à quelqu’un d’aller chercher le notaire le plus proche… Or, le notaire qui étoit là se crut le notaire désigné… Il entra dans l’allée, et s’y enfonça jusqu’à ce qu’il trouvât une petite porte ouverte. Là, il entra dans une grande salle, et une vieille servante l’introduisit dans une chambre encore plus grande, où il y avoit pour tous meubles une longue pertuisane, une cuirasse, une vieille épée rouillée et une bandoulière, qui étoient suspendues à des clous à quatre endroits différens le long du mur.

Un vieux personnage, autrefois gentilhomme, et qui l’étoit encore, en supposant que l’adversité et la misère ne flétrissent pas la noblesse, étoit couché dans un lit à moitié entouré de rideaux, la tête appuyée sur sa