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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/208

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santisse sur nous et nous le donne… Mais, ma belle dame, ajoutai-je en lui baisant la main que je tenois..... il est encore trop tôt. Le temps n’est pas encore venu.

Je peux le dire..... Je passai dans tout Paris pour avoir converti madame de V… Elle rencontra D… et l’abbé M… et leur assura que je lui en avois plus dit en quatre minutes en faveur de la religion révélée, qu’ils n’en avoient écrit contre elle dans toute leur Encyclopédie..... Je fus enregistré sur-le-champ dans la coterie de madame de V… qui différa de deux ans l’époque déjà commencée de son déisme.

Je me souviens que j’étois chez elle un jour ; je tâchois de démontrer au cercle qui s’y étoit formé, la nécessité d’une première cause… J’étois dans le fort de mes preuves, et tout le monde y étoit attentif, lorsque le jeune comte de F… me prit mystérieusement par la main… Il m’attira dans le coin le plus reculé du sallon, et me dit tout bas : vous n’y avez pas pris garde… votre solitaire est attaché trop serré… il faut qu’il badine… voyez le mien… Je ne vous en dis pas davantage : un mot, M. Yorick, suffit au sage.

Et un mot qui vient du sage suffit,