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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/230

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sa femme-de-chambre en chercher deux. Le souper fini, et restés seuls, nous nous sentîmes inspirés d’une force d’esprit suffisante pour parler au moins sans réserve de notre situation ; nous la retournâmes dans tous les sens ; nous l’examinâmes sous tous les points de vue. Enfin, après deux heures de négociations et de débats, nous convînmes de nos articles, que nous stipulâmes en forme d’un traité de paix ; et il y eut, je crois, des deux côtés, autant de religion et de bonne foi que dans aucun traité qui jamais eût l’honneur de passer à la postérité.

En voici les articles :


Art. Ier. Comme le droit de la chambre à coucher appartient à Monsieur, et qu’il croit que le lit qui est plus proche du feu est le plus chaud, il le cède à Madame.

Accordé de la part de Madame, pourvu que les rideaux des deux lits, qui sont d’une toile de coton presque transparente, et trop étroits pour bien fermer, soient attachés à l’ouverture avec des épingles, ou même entièrement cousus avec une éguille et du fil, afin qu’ils soient censés former une barrière suffisante du côté de Monsieur.