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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/258

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chérie. Il entretenoit avec elle une correspondance très-suivie. Les lettres de la demoiselle sembloient respirer le retour le plus tendre. Il me consulta sur ce qu’il devoit faire, et je lui donnai les conseils que je jugeai les meilleurs : je ne prétendis pas le guérir de son amour : sa maîtresse, à l’entendre, étoit belle comme Vénus, et, si l’on peut se prendre de passion d’après un portrait peint par un admirateur aussi brûlant, celui qu’il m’en faisoit étoit bien propre à exciter toutes les émotions de la tendresse. J’applaudis donc à son choix, et comme nous pensions absolument l’un comme l’autre, que la fortune et la grandeur ne pouvoient rien, quand elles se trouvent en opposition avec le bonheur, nous regardions comme le plus grand de tous les maux la tyrannie des parens qui forcent leurs enfans à se marier contre leur inclination.

Sur ces entrefaites je reçus une lettre de mon père qui me rappeloit dans mon pays. Comme son ordre étoit très-positif, et n’étoit accompagné d’aucune raison, je craignois que quelques-unes de mes petites galanteries, (car c’est un mal auquel il est impossible d’échapper dans un pays comme Paris) ne fussent parvenues à sa connoissance, je me