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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/26

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d’objets les plus propres à participer à son bonheur, et à porter une partie de ce fardeau qui, dans tous les âges et dans toutes les contrées, a toujours paru trop pesant pour les épaules d’une seule personne. Nous sommes doués, il est vrai, du pouvoir de répandre quelquefois notre bonheur hors de ses limites ; mais il est bien imparfait, par l’impossibilité de se faire entendre, le manque de connoissances, le défaut de liaisons, la différence qui se trouve dans l’éducation, les mœurs, les coutumes, les habitudes ; ce qui nous fait trouver tant de difficultés à communiquer nos sensations hors notre propre sphère, qu’elles équivalent souvent à une entière impossibilité.

Il s’ensuit de là que la balance du commerce sentimental est toujours contre celui qui sort de chez lui. Les gens qu’il rencontre lui font acheter au prix qu’ils veulent les choses dont il n’a guère besoin ; ils prennent rarement sa conversation en échange pour la leur sans qu’il y perde… et il est forcé de changer souvent de correspondant, pour tâcher d’en trouver de plus équitables. On devine aisément tout ce qu’il a à souffrir.

Cela me conduit à mon sujet ; et si le mouvement que je fais faire à la désobligeante me