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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/262

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de l’impression profonde qu’elle avoit faite sur mon cœur.

Cette occasion se présenta bientôt après le dîner. En nous promenant dans le jardin, nous nous trouvâmes séparés du reste de la compagnie, dans un petit bois que la nature, dans un de ses momens de gaieté, sembloit avoir réservé pour servir de retraite aux amans. « Madame, lui dis-je, après la déclaration que nous avons entendue, et la démarche concertée entre votre père et le mien, je me flatte que ce n’est pas vous offenser que de vous dire, que rien ne manqueroit à ma félicité, que je serois le plus heureux des hommes si j’apprenois de votre bouche que l’alliance qui se prépare a votre agrément, comme il paroît avoir celui de toutes les personnes qui nous entourent. Oh, dites-le moi, mon ange ! dites-moi que ce n’est pas malgré vous que vous deviendrez mon épouse. — Faites-moi du moins espérer que j’aurai une petite part à votre affection. — Vous servir avec empressement, m’étudier constamment à vous plaire, fera l’occupation de toute ma vie. »

« Monsieur, me répondit-elle : votre extérieur annonce une noble franchise : vous détestez, j’en suis sûre, le mensonge et