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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/264

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Dieu ! Quelle fut mon étonnement lorsqu’en proférant ces dernières paroles, j’apperçus mon ami, l’ami que j’honorois, se précipiter de derrière le bosquet, et tirant son épée. « Lâche, s’écria-t-il, tu paieras ta trahison. »

La dame s’étant évanouie, il remit son épée dans le fourreau pour voler à son secours, on la remporta dans la maison, et il m’ordonna de le suivre. Je le suivis, ne sachant pas comment j’avois pu l’offenser, ni par quel enchantement il se trouvoit dans la maison de mon père, tandis que je le croyois à Paris : pendant que nous nous rendions à la forêt, il s’expliqua en ces termes :

« Monsieur, j’ai été instruit de votre perfidie, peu d’heures après que vous fûtes parti de Paris, et quoique vous eussiez pris soin de me cacher le sujet de votre voyage, le soir même il n’étoit question que de votre mariage dans toute la ville. J’envoyai aussitôt chercher des chevaux de poste ; et comme vous voyez, je suis arrivé encore à temps pour rompre votre union avec Angélique. »

« Angélique ! m’écriai-je ; — Dieu sait si votre accusation, vos reproches sont injustes : j’ignorois que cette demoiselle fût Angélique. »