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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/305

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LETTRE III.


Éliza, j’ai reçu ta dernière hier au soir, en revenant de chez le lord Bathurst, où où j’ai dîné, où j’ai parlé de toi pendant une heure sans interruption : le bon vieux lord m’écoutoit avec tant de plaisir, qu’il a, trois différentes fois, tosté votre santé. Quoiqu’il soit dans sa quatre-vingt-cinquième année, il dit qu’il espère de vivre encore assez de temps pour devenir l’ami de ma belle disciple indienne, et la voir éclipser en richesses toutes les autres femmes du Nabab, autant qu’elle les surpasse déjà en beauté, et ce qui vaut mieux, en vrai mérite… Je l’espère aussi…

Ce seigneur est mon vieux ami… Vous savez qu’il fut toujours le protecteur des gens d’esprit et de génie ; il avoit tous les jours à sa table ceux du dernier siècle, Addisson, Steele, Pope, Swift, Prior, etc… La manière dont il s’y prit pour faire ma connoissance, est aussi singulière que polie. Il vint à moi un jour que j’étois à faire ma cour à la princesse de Galles… « J’ai envie de vous connoître, M. Sterne ; mais il est bon que vous sachiez un peu qui je suis…