Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/314

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n’y manque plus que les charmantes idées qui doivent le remplir… Pauvre chère femme… modèle de douceur et de patience, je fais bien plus que vous plaindre… car je perds et ma philosophie et ma fermeté, lorsque je considère vos peines !… Ne croyez pas que j’aie parlé hier au soir trop durement des *** ; j’en avois le sujet ; d’ailleurs, un bon cœur ne peut en aimer un mauvais… Non, il ne le peut ; mais adieu à ce texte désagréable.

Ce matin j’ai fait une visite à mistriss James ; elle vous aime bien tendrement : elle est alarmée sur ton compte, Eliza… elle dit que tu lui parois plus mélancolique et plus sombre, à mesure que ton départ approche… elle te plaint… je ne manquerai pas de la voir tous les dimanches, tant que je serai en ville…

Comme cette lettre est peut-être la dernière que je t’écrirai, de bon cœur je te dis adieu… Puisse le Dieu de bonté veiller sur tes jours, et être ton protecteur, maintenant que tu es sans défense ! et pour ta consolation journalière, grave bien dans ton cœur cette vérité : « Que quelle que soit la portion de douleur et de peine qui t’est destinée, elle sera pleinement compensée