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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/327

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LETTRE IX.


Ah ! plût à Dieu qu’il vous fût possible, mon Eliza, de différer d’une année votre voyage dans les Indes !… car je suis assuré dans mon cœur, que ton mari n’a jamais pu fixer un temps si précis pour ton départ.

Je crains que M. B*** n’ait un peu exagéré… je n’aime plus cet homme ; son aspect me tue… Si quelque mal alloit t’arriver, de quoi n’auroit-il pas à répondre ? J’ignore quel est au monde l’être qui méritât plus de pitié, ou que je pourrois haïr davantage… Il seroit un monstre à mes yeux !… Oh ! plus qu’un monstre… Mais, Eliza, compte sur moi ; que l’idée de tes enfans ne soit pas un souci de plus pour toi… Je serai le père de tes enfans.

Mais, Eliza, si tu es si malade encore… songe à ne retourner dans l’Inde que dans un an… Écrivez à votre mari… Exposez-lui la vérité de votre situation… S’il est l’homme généreux et tendre que vous m’avez annoncé en lui… je crois qu’il sera le premier à louer votre conduite. On m’a dit que toute sa répugnance, pour vous laisser vivre en Angleterre, ne provient que de l’idée