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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/329

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pourras faire des parties de plaisir dans tel coin du monde où ta fantaisie voudra te mener… Nous irons pêcher ensemble sur les bords de l’Arno ; nous nous égarerons dans les rians et fleuris labyrinthes de ses vallées ; et alors tu pourras, comme je l’ai déjà entendu une ou deux fois, de ta voix douce et flexible, nous chanter, je suis perdue, je suis perdue… mais nous te retrouverons, mon Eliza.

Vous rappelez-vous l’ordonnance de votre médecin ?… Je m’en souviens bien, elle étoit telle que la mienne..... « Faites un exercice modéré ; allez respirer l’air pur du midi de la France, ou celui encore plus doux du pays de Naples… Associez-vous pour la route quelques amis honnêtes et tendres… » Homme sensible ! il pénétroit dans vos pensées… il savoit combien la médecine seroit trompeuse et vaine pour une femme, dont le mal n’a pris sa source que dans les afflictions de l’ame. Je crains bien, chère Eliza, que vous ne deviez avoir confiance qu’au temps seul ; puisse-t-il vous donner la santé, à vous qui méritez les faveurs de la charmante déesse, par vos vœux enthousiastes envers elle !

Je vous révère, Eliza, pour avoir gardé