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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/352

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ainsi ses projets utiles, l’homme s’éloigne du commerce des gens d’affaires, et réalise sa fortune ; il va la dépenser. Le voilà en conséquence abbatant et réédifiant, achetant des statues et des tableaux, déracinant ici pour replanter là, applanissant les montagnes et comblant les vallées, changeant le lit des rivières en plaines fertiles, et les plaines en rivières : il dit à celui-ci marche, et il marche ; il dit à cet autre fais cela, et il le fait ; tout ce que son esprit conçoit, son or l’exécute. Quand ses plans seront réalisés, il touchera sans doute à l’accomplissement de ses désirs, il atteindra le sommet du bonheur humain. Ah ! je vous répondrai pour lui, qu’il a outrepassé les bornes d’un simple amusement, que les plaisirs ont été bien souvent mêlés de chagrins, et que le repentir arrache de sa bouche le même aveu qui échappa à Salomon, quand il dit : J’ai regardé autour de moi les travaux que mes mains ont accomplis, et j’ai vu que tout étoit vanité et vexation d’esprit, il ne m’en reste aucun avantage sous le soleil.

Il se peut encore qu’il ait été plus loin qu’il ne se l’étoit proposé, qu’il se soit laissé entraîner à des dépenses ruineuses, et qu’il ne lui reste d’autre expérience à faire que