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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/358

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pour nous faire oublier nos fatigues ! ils sont ménagés et disposés d’une manière si exquise, qu’ils charment nos peines, relèvent nos cœurs abattus sous le poids de la pauvreté et de l’affliction, et effacent même de notre souvenir le sentiment de notre misère.

Je ne veux pas, mes frères, répondre à présent à des argumens si naturels ; j’aime mieux, me pénétrant de l’allégorie du texte, dire avec vous que nous sommes des voyageurs, qui, occupés du but vers lequel nous marchons, pouvons cependant amuser notre imagination des beautés naturelles et artificielles qui se présentent sur notre route, sans oublier notre projet. Si nous arrangeons en effet ce voyage de façon que nous ne soyons pas distraits de notre chemin par la variété des perspectives, des édifices, des ruines qui sollicitent notre curiosité, fermer nos yeux seroit une exagération de vertu digne d’un paladin religieux.

Souvenons-nous donc que nos regards sont tournés vers Jérusalem, que nous hâtons nos pas vers cette demeure de bonheur et de repos, que le chemin doit moins servir à réjouir nos cœurs qu’à éprouver en eux la vertu, que les divertissemens et les fêtes