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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/361

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rassemblé pour jouir des douceurs de la société, et des plaisirs autorisés par les lois, et tolérés par la religion.

Avant que d’entrer, examinons les sentimens qui précèdent l’arrivée de chaque individu qui s’y présente, et nous trouverons que, quoiqu’ils diffèrent entr’eux d’opinions et de caractères, ils sont réunis par cette idée, qu’ils vont dans une maison dédiée au plaisir, et qu’il faut par conséquent dépouiller toute idée qui peut contrarier cette intention : il faut laisser dehors les soucis, les pensers sérieux, les réflexions morales, et ne sortir de chez soi qu’avec la seule disposition à concourir à la gaieté que l’on s’est promise. Avec cette préparation d’esprit, qui ne tend qu’à faire de chaque personne un convive agréable, voyons-les entrer, le cœur débarrassé de contrainte, et ouvert à l’attente du plaisir : il n’est pas nécessaire de recourir à l’intempérance et de supposer à chaque convive un appétit qui fasse fermenter son sang et enflammer ses désirs. Ne lui en accordons qu’autant qu’il en faut pour les exciter agréablement, et les préparer aux impressions qu’un commerce aussi innocent doit faire. Dans cette disposition concertée d’avance, examinez par quel méca-