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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/394

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à la pruderie, ou à la mauvaise humeur, elles finiront votre tableau avec des traits si durs, et un coloris si sale que l’honnêteté et la candeur rougiront à son aspect.

Esprits vertueux qui ne savez être rigides interprêtes que de vos propres défauts, je m’adresse à vous, à vous avocats désintéressés du malheureux qui se méprend. Pourquoi ne veut-on pas imiter votre bonté ? Combien de fois avez-vous répété, que les actions d’un homme ne sont pas toujours un motif pour le condamner, qu’elles sont environnées de mille circonstances qui ne se présentent pas à la première vue, que les ressorts qui l’ont poussé sont profondément cachés, que parmi la foule des malheureux qui sont à chaque instant cités au jugement du public, il en est mille dont l’esprit seul a péché, et qui ont été mal interprêtés ; que pour ceux dont le cœur a erré, la force des passions qui les ont excités, les difficultés qui les ont enflammés, l’attrait de l’objet qui les a captivés, et peut-être même les combats de la vertu avant sa défaite, peuvent les faire utilement recourir de la sévérité de la justice, au jugement de la pitié ?

Arrêtons nous encore un moment à l’histoire du lévite et de sa concubine : semblable