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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/401

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« Il se leva et courut après elle pour lui parler amicalement, pour parler à son cœur, pour lui rappeler leurs premières caresses, pour lui dire enfin, combien peu elle aimoit son mari, combien peu elle s’aimoit elle-même. »

Les reproches de l’homme miséricordieux sont doux et tranquilles ; peu semblables aux efforts que fait sur lui l’homme orgueilleux et inexorable, efforts qui humilient encore plus ceux auxquels il pardonne, ces reproches, dis-je, sont calmes et courtois comme le génie qui veille sur son caractère. Comment le lévite pouvoit-il ne pas ramener chez lui sa concubine ? Comment son père pouvoit-il ne pas ouvrir son cœur à la générosité ? Il le vit, et se réjouit de l’avoir rencontré : il le pressa de jour en jour de rester avec lui, conforte ton cœur, lui dit-il, et livre le à la joie.

Si la pitié et la vertu dictèrent les préliminaires de la paix, l’amour sans doute la scella irrévocablement. Grand, trois fois grand est son pouvoir pour renouer ce qui a été brisé, et pour effacer les injures de la mémoire même. Le lévite se leva ainsi que sa concubine et ses esclaves, et ils partirent.

Il est inutile de poursuivre plus loin cette