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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/440

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la bonté et de la perfection ; c’étoit une sainteté de vie peu commune, accompagnée d’une sévérité théâtrale dans les manières, de prodigalités fréquentes aux pauvres ; beaucoup d’actes de religion, beaucoup d’application à l’observance de la loi, beaucoup d’abstinences, beaucoup de prières.

Il est pénible de suspecter de pareilles apparences ; nous n’aurions pas osé le faire si notre Sauveur lui-même ne nous eût tracé en deux mots ce caractère, en nous disant, ce sont des sépulcres blanchis ; ils sont magnifiques au dehors, l’art les a enrichis de tout ce qui peut attirer les regards ; mais fouillez-les, vous les trouverez remplis de corruption, et de tout ce qui peut choquer et dégoûter les curieux. Cette affectation de piété, cette régularité extraordinaire peuvent en imposer ; mais au-dedans tout est irrégulier ; ces prétentions qui semblent promettre quelque chose, sont ternies par un penchant secret aux passions les plus viles, l’orgueil de la spiritualité, le pire des orgueils, l’hypocrisie, l’amour-propre, l’avarice, l’extorsion, la cruauté, la vengeance. Quelle pitié ! que le nom sacré de la religion soit emprunté pour couvrir une telle série de vices, et que le visage charmant de la vertu soit